Vivre avec une personne qui a le syndrome de Korsakoff

L’alcool n’a pas bonne réputation en matière de santé publique.
Savez-vous par exemple qu’il est responsable de plus de 200 maladies et atteintes diverses ?
On s’en convainc davantage quand on apprend qu’il constitue un facteur de risques de nombreux cancers et de maladies cardiovasculaires. Par ailleurs, il est de notoriété publique qu’il est l’une des principales causes de mortalité évitables dans le monde. Figurez-vous par exemple qu’on lui attribue 41 000 décès par an. Il y a en effet dans les boissons alcoolisées, quel que soit le type, une molécule communément appelée éthanol. Son impact sur l’organisme est particulièrement néfaste pour le cerveau. C’est dire que l’alcoolisme est une bombe à retardement pour cet organe.

En effet, plus la consommation d’alcool commence tôt, plus encore la détérioration du cerveau demeure significative. Lorsque la consommation d’alcool est excessive et débouche sur un alcoolisme chronique, il y a une région du cerveau réputée être le circuit de la mémoire, qui est très affectée. Cela débouche inexorablement sur le syndrome de Korsakoff. De l’amnésie antérograde à la fausse reconnaissance en passant par les troubles de l’humeur, il y a de tout pour que le quotidien du patient soit des plus inconfortables. Face à ce handicap permanent et si lourd à porter, l’entourage conjugue son lot de malheur, alterne les gardes et les aides successives. Mais toujours est-il que la vie ne sera plus jamais comme avant. Il va bien falloir s’y adapter !

Comme beaucoup d’autres personnes, vous êtes peut-être appelé à partager votre quotidien avec une personne qui souffre du syndrome de Korsakoff. Ce n’est pas une chose aisée. Dans cet article, nous faisons le point sur les symptômes, les causes et les facteurs à risques de ce syndrome. Nous vous ferons également quelques recommandations pour une prise en charge spécifique.

Syndrome de Korsakoff : Qu’est-ce que c’est ?

Sommaire
  1. - Syndrome de Korsakoff : Qu’est-ce que c’est ?

  2. - Quelles sont les caractéristiques du syndrome de Korsakoff ?

    1. - L’amnésie antérograde et l’amnésie rétrograde

    2. - La désorientation spatio-temporelle

    3. - Les troubles de la reconnaissance

    4. - Les troubles de l’humeur

    5. - Les fabulations ou confabulations

    6. - L’anosognosie

  3. - Les causes du syndrome de Korsakoff

  4. - Comment l’alcool agit sur l’organisme ?

    1. - L’action de l’alcool sur le cortex frontal

    2. - L’action de l’alcool sur le cervelet

    3. - L’action de l’alcool sur la moelle     

    4. - L’action de l’alcool sur l’hypophyse

  5. - Hippocampe et syndrome de Korsakoff : Comment bien comprendre le trouble ?

  6. - La nécessité d’une prise en charge spécifique

    1. - La prise en charge médicale

    2. - La prise en charge psychologique

    3. - La prise en charge cognitive

  7. - Que doit faire l’entourage ?

  8. - Attention aux idées fausses


Le syndrome de Korsakoff peut être défini comme une pathologie causée par une carence en vitamine B1. Dans l’immense majorité des cas, il touche les alcooliques chroniques et relativement les personnes confrontées à une malnutrition sévère. Ce syndrome peut être également causé par une infection virale du cerveau.

Pour rappel, la vitamine B1 facilite l’assimilation des aliments. Elle se révèle très importante dans la transformation du glucose en énergie. Le cerveau d’une personne carencée en vitamine B1 pendant une longue période, est susceptible de présenter des lésions irréversibles.

La carence en vitamine B1 détruit en effet les neurones des corps mamillaires et de nombreuses structures cérébrales. Cette vitamine participe énormément au bon fonctionnement des neurones. Grâce aux techniques d’imagerie cérébrale, on a pu constater que la destruction des corps mamillaires, conséquence de la carence en vitamine B1, inhibe l’activation normale de l’hippocampe. Cela se ressent profondément lorsque le patient est appelé à constituer de nouveaux souvenirs.

Quelles sont les caractéristiques du syndrome de Korsakoff ?

Le syndrome de Korsakoff se caractérise par un oubli massif de la majorité des informations détenues par le patient après la survenance du trouble. Toutefois, on constate que l’oubli peut également avoir pour objet, les informations perçues par la victime avant la survenance du syndrome.

Dans le premier cas, on parle d’amnésie antérograde. Dans le second, il s’agit d’une amnésie rétrograde. Pour rappel, l’amnésie n’est rien d’autre qu’un oubli massif. On parle également de syndrome amnésique.

Le syndrome de Korsakoff fait naitre plusieurs difficultés. En voici les symptômes :

  • L’amnésie antérograde et rétrograde
  • La désorientation spatio-temporelle
  • Les troubles de la reconnaissance
  • Les troubles de l’humeur
  • Les fabulations ou confabulations
  • L’anosognosie

L’amnésie antérograde et l’amnésie rétrograde

Comme nous l’avons expliqué plus tôt, l’amnésie antérograde et l’amnésie rétrograde sont toutes deux caractérisées par un oubli massif. La différence réside dans la temporalité de l’information oubliée par rapport à la survenance du trouble.

Ainsi dans le cas d’une amnésie antérograde, le patient ne peut se souvenir de ce qui s’est passé quelques minutes plus tôt. Il peut toutefois se souvenir relativement de son passé lointain. C’est tout l’inverse en ce qui concerne l’amnésie rétrograde.

La désorientation spatio-temporelle

La désorientation spatio-temporelle est caractérisée par une ignorance de l’endroit où le patient se trouve, du temps ou de la date. Si vous partagez le quotidien d’une personne confrontée au syndrome de Korsakoff, ne vous surprenez pas d’entendre que le patient vous repose les mêmes questions en ce qui concerne le temps ou le lieu où il se trouve. Cela s’explique par la perte de mémoire inhérente à ce trouble.

Les troubles de la reconnaissance

Le syndrome de Korsakoff expose le patient à des troubles de la reconnaissance.  Cela dit, la personne concernée croit reconnaitre une personne qu’elle n’a pourtant jamais vue ou qu’elle ne connait vraiment pas. Ce comportement pourrait indisposer son entourage et réduire sa capacité de socialisation.

Cependant, cela n’empêche pas le patient de discuter avec ses proches de manière relativement cohérente.

Les troubles de l’humeur

On constate à ce niveau que le patient change continuellement d’humeur sans que cela ne puisse s’expliquer rationnellement. Il est tantôt gai, tantôt mélancolique ou présente un air maussade. Cet état de choses peut affecter sa relation avec les autres et pourrait le rendre moins sociable.

Les fabulations ou confabulations

Le syndrome de Korsakoff se caractérise également par les fabulations et les confabulations. Pour rappel, ce trouble se manifeste par des pertes de mémoire. Pour compenser donc cette perte de mémoire, le patient s’invente des souvenirs ou d’autres récits de ce qui s’est passé.

L’anosognosie

En considération de tous les symptômes du syndrome de Korsakoff qui sont décrits, il est clair que de grands changements vont bouleverser la vie du patient. Mais le problème, c’est que ce dernier n’en a véritablement pas conscience. En effet, les patients ne sont pas conscients de leur état. Ils vivent donc dans le déni de ce qui leur arrive et pensent que tout est normal. On retrouve aussi le trouble de l’anosognosie chez les patients d’Alzheimer dont la particularité est d’oublier fondamentalement qu’ils oublient.

Par ailleurs, on constate également chez la personne souffrant du syndrome de Korsakoff une modification du comportement et/ou de l’affectivité. En effet, parallèlement au syndrome, il peut se produire une atteinte des fonctions exécutives. On appelle fonctions exécutives, l’ensemble des processus dont la finalité est de contrôler les activités intellectuelles et le comportement.

En outre, des changements interviennent également sur le plan physique. En fonction de la chronicité du syndrome, on pourrait constater une atteinte sensitivomotrice des membres inférieurs et supérieurs. Du coup, le patient est susceptible de présenter les troubles de l’équilibre et de la marche. Il peut être aussi confronté à des tremblements pendant qu’il s’apprête à écrire.

Toutefois, on constate qu’en général, les personnes atteintes du syndrome de Korsakoff conservent leurs facultés intellectuelles. Pour rappel, les caractéristiques décrites ci-dessus varient énormément en fonction des individus.

Les causes du syndrome de Korsakoff

Le syndrome de Korsakoff a pour cause la carence en vitamine B1. Cette carence quant à elle trouve son origine dans deux facteurs : L’alcoolisme chronique et les carences alimentaires.

Lorsque la carence en vitamine B1 atteint une étape sensible, cela débouche sur la pathologie cérébrale. Cette dernière peut être de deux sortes : Pathologie aiguë ou chronique. Une pathologie aiguë se traduit par une confusion mentale avec désorientation spatio-temporelle ou encore trouble de l’équilibre. C’est ce qu’on appelle l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke.

Pour ce qui concerne la pathologie chronique, elle se caractérise par une lésion cérébrale. C’est ce qu’on appelle également le syndrome de Korsakoff.

En clair, l’alcoolisme chronique entraine une carence en vitamine B1 due à un déséquilibre alimentaire. Cette carence peut conduire à l’encéphalopathie de Gayet-Wernicke qui peut dégénérer sur le syndrome de Korsakoff.

Comment l’alcool agit sur l’organisme ?

L’alcool agit négativement sur l’organisme et principalement sur le cerveau. Cependant, les effets ne sont pas les mêmes en fonction de chaque partie du cerveau. Parmi les parties du cerveau, on peut citer :

  • Le cortex frontal
  • L’hypophyse
  • La médulla
  • Les cellules du cerveau
  • L’hippocampe
  • Le cervelet

Pour comprendre tous les effets, il ne faut surtout pas perdre de vue que l’alcool est une substance anesthésiante. Celle-ci agit à la manière d’un narcotique sur les cellules du cerveau. Cette nocuité de l’alcool entraine un dysfonctionnement des cellules du cerveau. Cela peut conduire parfois à leur disparition. C’est ce qu’on désigne par le vocable « perte de tissu cérébral ».

Par ailleurs, le fait de consommer de l’alcool à l’excès, provoque un rétrécissement du cerveau. Selon certaines études, une personne qui consomme de l’alcool de façon excessive sur une période pouvant aller de 10 à 15 ans, peut voir son cerveau diminuer de 10 à 15 % en termes de volume.

L’action de l’alcool sur le cortex frontal

Le cortex cérébral est encore appelé cortex frontal. C’est la partie frontale du cerveau. Il sert à réguler le comportement de l’homme dans la société. C’est grâce au cortex frontal que l’homme arrive à cultiver la maitrise de soi et à avoir une cohérence dans le raisonnement.

Par l’action de l’alcool sur cet organe, l’alcoolisé peut présenter des réactions impulsives. Cela peut également se traduire par une certaine agressivité.

L’action de l’alcool sur le cervelet

Le cervelet est encore appelé petit cerveau. C’est un muscle qui est localisé à l’arrière du crâne. Lorsque l’alcool interfère avec le cervelet, cela peut laisser apparaitre des troubles de la motricité, de l’équilibre et de la coordination des mouvements.

L’action de l’alcool sur la moelle     

On retrouve la moelle dans le tronc cérébral. Lorsque cet organe est soumis aux effets de l’alcool et qu’il en vient à être anesthésié, le coma peut s’en suivre. En effet, la moelle a une importance capitale dans le maintien de certaines fonctions autonomes. On peut citer parmi celles-ci la respiration et les pulsations cardiaques.

L’action de l’alcool sur l’hypophyse

On retrouve une glande sous le cerveau. Elle porte le nom d’hypophyse. Celle-ci est reconnue pour sa capacité à contrôler l’hormone de croissance. Sous l’action de l’alcool régulièrement consommé en quantité excessive, le patient peut laisser apparaitre des anomalies de croissance. On constate ce type d’anomalie chez les jeunes alcoolisés.

Hippocampe et syndrome de Korsakoff : Comment bien comprendre le trouble ?

Si vous partagez votre quotidien avec une personne qui souffre du syndrome de Korsakoff, vous vous êtes sans doute posé la question de savoir d’où lui viennent ces pertes de mémoire. Pour bien comprendre cette amnésie, qu’elle soit rétrograde ou antérograde, il est important de savoir à quoi sert l’hippocampe et quelles sont ses fonctionnalités.

L’hippocampe est un organe qui a une fonction importante dans la mémoire déclarative. En compagnie des structures corticales et des voies nerveuses, il sert de relai à l’ensemble du cortex.

La mémoire déclarative est encore appelée mémoire explicite. Elle s’oppose en effet à la mémoire implicite ou non déclarative. C’est la mémoire déclarative qui nous permet de nous souvenir des faits et des choses. Nous pouvons grâce à elle, encoder les informations relatives à l’identité, à la fonction et aux attributs d’un objet.

Pour ce qui concerne la mémoire implicite, il est important de savoir qu’elle n’impose pas des efforts de rappel de la part de la personne concernée. En effet, dans la mémoire implicite, le rappel d’un souvenir encodé se fait de manière automatique. C’est dans cette catégorie de mémoire, qu’on retrouve les habiletés, les conditionnements émotionnels et les réflexes conditionnés.

En effet, la mémorisation et la formation de nouveaux souvenirs, ne peuvent se faire en dehors de l’hippocampe. Mais le problème, c’est que la consommation excessive d’alcool est susceptible de nettoyer l’hippocampe et de l’impacter négativement.

De ce fait, le passage de la mémoire à court terme à la mémoire à long terme garanti en principe par l’hippocampe, devient quasi impossible. Plus la consommation d’alcool est excessive sur une longue période, plus encore l’atrophie de l’hippocampe devient considérable.

C’est la raison pour laquelle on peut observer chez le patient atteint du syndrome de Korsakoff, des pertes de mémoire et des black-out, car l’alcool parasite les fonctions cognitives.

Par ailleurs, si toutes les parties du cerveau impactées par l’alcoolisme chronique obéissent plus tard en cas d’arrêt de consommation d’alcool, à un processus de récupération, il n’en est pas ainsi de l’hippocampe. L’attaque qu’il subit est donc irréversible.

La nécessité d’une prise en charge spécifique

Le syndrome de Korsakoff a une origine lésionnelle. C’est ce qui explique qu’il n’y a pas de guérison de cette pathologie. Vous devez comprendre que le retour au stade antérieur est quasi impossible. D’où la nécessité d’envisager une perspective d’adaptation aux troubles. Cette adaptation concerne à la fois le patient et son entourage.

Étant donné que ce syndrome fait intervenir des troubles médicaux, sociaux, psychologiques et cognitifs, il est donc plus que jamais nécessaire de faire appel aux services de différents spécialistes. Il faudrait donc envisager :

  • Une prise en charge médicale
  • Une prise en charge psychologique
  • Une prise en charge cognitive

La prise en charge médicale

Le sevrage éthylique est une excellente solution pour stopper le rétrécissement de l’hippocampe. Cependant, il est important que cette opération soit réalisée dans un centre spécialisé et que cela se déroule sous contrôle médical.

Les médecins spécialistes pourront également prescrire suivant le cas, des traitements médicamenteux afin de réduire certains effets secondaires du trouble tels que la dépression, l’anxiété ou encore d’autres troubles du comportement.

Cette prise en charge prendra également en compte l’aspect nutritionnel. Comme démontré plus haut, le syndrome de Korsakoff doit son apparition à une carence en vitamine B1. Les médecins vont donc conseiller une alimentation équilibrée et riche en vitamines.

La prise en charge psychologique

La fréquentation d’un centre spécialisé et un suivi psychologique s’inscrivent dans une démarche de maintien ou d’amélioration de la qualité de vie. Le suivi psychologique en question peut se faire en clinique psychiatrique, en privé ou dans un centre de santé mentale.

La prise en charge cognitive

Il est important de faire un bilan des capacités cognitives chez la personne qui est confrontée au syndrome de Korsakoff. Cela permettra de reconnaitre les capacités qui sont atteintes et celles qui sont préservées ou intactes. L’objectif est en effet de déterminer le niveau d’autonomie maximale pour le patient.

Le bilan des capacités cognitives chez le patient permettra donc de savoir si le patient est capable d’aller à la cuisine et de se servir à manger par exemple ou encore de savoir s’il peut prendre sa douche tout seul. Tant que vous n’avez pas effectué ce bilan au profit de la victime, vous ne pouvez pas être rassuré sur son niveau d’autonomie et sur ce qu’il est censé faire ou ne pas faire.

Une prise en charge cognitive efficace passe par quelques procédés ou quelques aides. Il s’agit par exemple de la mise en place d’une prothèse mnésique encore appelée le carnet de mémoire. En effet, le fait de prendre note de façon organisée dans un carnet va faciliter la récupération des informations non stockées par la mémoire. L’idéal est cependant d’impliquer le patient dans le choix de l’agenda en question et qu’il y inscrive lui-même les informations concernées.

Une prise en charge cognitive va également nécessiter la mise en place des aides environnementales. Celles-ci consistent en effet à afficher des calendriers, des rappels ou des guides détaillés dans des endroits visibles. Il est important de les mettre au même endroit et de les orner de photos et de couleurs. Cela permettra au patient de pallier la perte de mémoire et de ne plus demander continuellement la date et l’heure.

Par ailleurs, toujours en ce qui concerne l’aide environnementale, vous pouvez afficher le nom du patient sur sa porte afin qu’il puisse trouver ses repères et éviter de se perdre.

Que doit faire l’entourage ?

Les résultats issus des prises en charge ne seront pas constatables dans les jours suivants. Cela peut prendre plusieurs années. Mais le succès de ces aides réside sans doute dans l’implication de l’entourage de la victime. Il est plus que jamais nécessaire de soutenir les différentes aides mises en place par les spécialistes.

C’est vrai que la prise en charge du patient n’est pas de tout repos. Cela nécessite un réel investissement. Gardez-vous toutefois d’infantiliser le patient ou de le ridiculiser. Vous ne devez pas également lui donner des ordres de façon cavalière, surtout s’il s’agit d’une personne âgée.

Pour ce qui concerne le carnet de mémoire, faites en sorte qu’il le considère comme un véritable compagnon, un allié de taille. À aucun moment, il ne doit sentir une obligation d’y recenser les informations qui lui semblent importantes.

Par ailleurs, vous devez impérativement faire fi des idées reçues.

Attention aux idées fausses

Sans toutefois se rendre compte que certaines idées sont fausses, des personnes se laissent aller à des affirmations qui n’ont rien à avoir avec la réalité.

On en trouve en effet qui pensent que la personne atteinte du syndrome de Korsakoff fait parfois preuve de mauvaise volonté ou qu’elle fait exprès de ne pas se rappeler certaines choses et de poser les mêmes questions. Rien n’est plus faux. Si ces patients sont en effet incapables de se souvenir de certaines choses, cela s’explique par le fait qu’ils subissent une altération de la mémorisation.

Par ailleurs, d’autres personnes pensent que le fait d’utiliser le carnet de mémoire fera en sorte que le patient ne sera même plus amené à travailler sa mémoire et à amorcer sa récupération. Là encore, ce n’est qu’une idée reçue, car la mémoire est sollicitée à chaque instant, volontairement ou involontairement.

En outre, il arrive que l’entourage rechigne parfois à voir le patient assis continuellement dans son fauteuil sans rien faire. Du coup, il n’est pas rare d’entendre que la victime ne sert véritablement à rien. Ceux qui pensent ainsi sont dans une totale ignorance de la situation que traverse leur proche.

En effet, il ne faut surtout pas oublier que la personne confrontée au syndrome de Korsakoff présente des problèmes exécutifs. Le patient oublie donc fréquemment les activités à exécuter et n’a souvent aucune notion du temps qui passe. Vous commettez donc une grave erreur en confondant l’état de déficit cérébral à de la paresse.

En somme, vivre avec une personne qui a le syndrome de Korsakoff nécessite de l’engagement et de l’investissement personnel. Vous devez vous armer de patiente et puiser continuellement dans le réservoir d’amour que vous aviez pour cette personne du temps où ce trouble n’était pas apparu. Mais on ne le dira jamais assez. L’alcool est une drogue. La modération a bien meilleur goût et il vaut mieux prévenir que guérir.

 

 





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